D’un naturel discret, Ahmed Nejmeddine est un homme travailleur et pragmatique, qui a compris la mission du monde universitaire d’aujourd’hui : œuvrer pour s’adapter en permanence aux attentes de l’économie nationale en termes de profils et de cadres à travers une meilleure articulation entre la formation, la recherche et la professionnalisation. Une trilogie gagnante dont il a fait son credo et qui explique les bons résultats enregistrés au fil des années par l’université dont il préside aux destinées depuis décembre 2010.
Pour l’université Hassan 1er, les motifs de fierté ne manquent pas. En plus de la formation continue et la formation initiale, elle est l’une des rares universités du Royaume à enrichir constamment son offre de formation en introduisant de nouvelles filières telles que les sciences de la santé et le management du sport. Ahmed Nejmeddine ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Parmi les grands projets qui lui également tiennent à cœur, la promotion de l’enseignement à distance en cours d’élaboration en collaboration avec un organisme international spécialisé. En partenariat avec l’université Indiana States des Etats-Unis, l’université Hassan 1er , dans sa recherche permanente de sortir des sentiers battus et de produire de la valeur ajoutée, planche également sur un projet de formation en management de la technologie et de l’innovation.
Ce titulaire d’un doctorat d’Etat en toxicologie de l’environnement de l’université Cadi Ayyad et d’un doctorat de l’université de Lilles en biologie animale et environnement, qui a à son actif plus de 60 publications scientifiques et plus de 200 communications scientifiques dans des congrès nationaux et internationaux, n’est animé que d’un seul souci: continuer, avec la collaboration des ses équipes pédagogiques et de ses partenaires étrangers, à faire de l’université qu’il dirige un espace de formation et de recherche dynamique et ouvert sur son environnement national et international.
Toutes les universités s’investissent dans la professionnalisation de la formation. Qu’en est-il de l’Université Hassan 1er
En tant que Président d’université, je suis tout à fait conscient que la réussite des missions pédagogiques et scientifiques de mon institution dépend de sa capacité d’améliorer l’articulation «formation-recherche-professionnalisation», et d’augmenter la «lisibilité » de ses formations.
Partant de là, l’amélioration de la professionnalisation constitue un des axes stratégiques de mon projet de développement. Il s’agit d’un axe qui renvoie à une caractéristique essentielle de l’Université dont six de ses huit composantes (FST, ENCG, ENSA, EST, ISSS et ISS) ont comme vocation claire la formation de professionnels.
Notre ambition est non seulement le renforcement de la dimension professionnalisante de ces établissements à travers la diversification des formations en leur sein, qui atteint 82% des 97 filières de formations ouvertes mais aussi, et surtout, l’encouragement de l’innovation dans l’offre de formation à travers des filières en adéquation avec nos spécificités socioéconomiques et répondant aux besoins des grands chantiers nationaux.
Nous sommes également très fiers d’être la première institution universitaire nationale à créer de nouveaux établissements universitaires uniques à l’échelle du royaume. Je parle de l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé, qui a connu, l’année dernière, la sortie de sa première promotion et qui vient de lancer son cycle de master, mais également l’institut des Sciences de Sport qui a ouvert ses portes le mois de septembre dernier à travers deux licences professionnelles en éducation physique et en management du sport.
La recherche scientifique s’insère dans notre mission universitaire, nous lui accordons 10% de nos recettes propres.
Quelles sont les filières les plus prisées par les bacheliers dans votre université ?
Sur le plan quantitatif, je peux dire que toutes les filières de l’Université sont prisées par les étudiants. La preuve en est l’évolution des effectifs des inscrits qui a connu un taux de croissance très important au cours de ces dernières années passant de 8055 en 2010 à 32 174 étudiants au titre de la présente année universitaire.
Sur le plan qualitatif, et se sont toujours les indicateurs qui m’intéressent le plus, je suis tout à fait conscient que l’attractivité de l’offre pédagogique et scientifique de mon institution se mesure principalement à l’aune de sa capacité d’améliorer l’articulation « formation-recherche-professionnalisation», d’augmenter la «lisibilité» de ses formations et d’œuvrer pour l’employabilité des lauréats. Et c’est dans ce sens que l’amélioration de la professionnalisation, a toujours constitué un axe prioritaire dans notre plan de développement stratégique. Actuellement les filières professionnalisantes représentent plus de 82% de l’offre totale contre 62% en 2010.
L’analyse de la carte de formation de l’UH1 montre une richesse et une diversité de l’offre couvrant divers champs disciplinaires, sciences et techniques, management et commerce, économie, finance, audit, droit et gestion, lettres et sciences humaines, métiers du travail social, sciences de l’ingénieur, sciences de la santé et sciences de l’éducation… Autant de disciplines qui connaissent tous des demandes croissantes de la part des étudiants. Nous nous distinguons à l’échelle nationale par l’enseignement des sciences de sécurité et des sciences de sport.
Actuellement, nous oeuvrons, à travers notre centre de ressources pédagogiques et didactiques, en partenariat avec un des organismes internationaux leader dans le domaine pour la promotion de l’enseignement à distance et ce dans une stratégie d’enseignement de proximité. Une nouvelle approche pédagogique qui contribuera certainement à renforcer encore l’attractivité de notre offre de formation.
En quoi consiste la stratégie de l’université en matière de recherche ?
La recherche scientifique s’insère dans notre mission universitaire, nous lui accordons 10% de nos recettes propres, soit annuellement plus de 10 millions DH. Notre politique de valorisation scientifique passe à travers un certain nombre d’actions. Je cite à titre d’exemple Marobtikar, l’incubateur de projets de création d’entreprises mis en place en 2011 et qui joue pleinement son rôle dans la détection et l’accompagnement des projets issus de différentes régions du Royaume. Sur les 15 projets sélectionnés et incubés, touchant aux domaines de l’agriculture, de l’environnement, des énergies nouvelles et des technologies d’information et de communication, cinq start-up ont été créées.
Et c’est toujours dans l’objectif d’incitation à l’innovation et à la production de la valeur ajoutée que nous travaillons, en partenariat avec l’université Indiana States des Etats-Unis, sur un projet de formation en management de la technologie et de l’innovation.
Nous organisons le mois d’avril 2017, en partenariat avec l’université d’Algarve du Portugal, une session de formation sur le Développement de l’Entrepreneuriat et la Promotion d’un Ecosystème de l’Innovation, une initiative qui s’inscrit dans le cadre du programme de Développement du Droit Commercial (CLDP) du Département du Commerce des États-Unis.
C’est également pour la même raison que nous avons lancé notre projet structurant de la «Cité de recherche et de l’innovation» d’un montant global de 38 millions de DH pour sa construction. C’est un partenariat avec notre ministère de tutelle et le ministère de l’Industrie, du Commerce de l’investissement et de l’économie numérique. L’achèvement des travaux de construction est prévu pour le mois de mars 2017 . Nous avons également renforcé le paysage universitaire et économique national par la création d’un pôle de compétitivité « Efficacité Energétique des Matériaux de Construction» renfermant en son sein des industriels, des architectes, des ingénieurs, et des universitaires. La recherche scientifique et l’innovation, placées au cœur de notre dispositif de formation, nous ont permis de nous positionner parmi les meilleures institutions nationales avec 39 brevets, dont 7 internationaux et 3 modèles industriels.
Qu’en est-il de votre politique en matière de formation continue?
La formation continue constitue au même titre que la formation initiale et la recherche, une des grandes missions assignées à l’Université. Elle a toujours été un axe fort de notre institution. Ce succès particulier de la formation continue se justifie par la pertinence des 96 filières de formation ouvertes qui tiennent compte des spécificités du tissu socioéconomique régional et national. Nous touchons aux divers domaines des sciences et techniques, de l’ingénierie, de l’économie de l’informatique, des finances, de la gestion qui connaissent une demande de plus en plus croissante. Actuellement nous comptons plus de 3343 stagiaires inscrits dans nos 6 centres de formation continue.
Il faut dire que notre offre de formation a profité de sa; présence dans un site économiquement stratégique. Le dynamisme de notre région, la qualité des activités qui y sont exercées et la diversité des entreprises qui y sont installées ont contribué fortement à tisser un réseau de partenariat important.
Je tiens à souligner que la qualification du potentiel humain est l’ambition principale de cette offre de formation dont 80% sont des salariés visant leur promotion professionnelle, à côté des 20% qui font de cette prestation universitaire un moyen de développement des compétences et un outil pour améliorer leur employabilité.
Malgré cette « success-story », nos ambitions demeurent plus importantes et pour les prochaines années, l’UH1 cherchera à mieux structurer son dispositif d’offres en matière de formation continue en vue de son articulation autour d’une logique du marché. Notre institution souhaite en effet construire un dispositif global de formation tout au long de la vie. L’ambition est d’offrir à toute personne, jeune ou moins jeune, un accès à l’université à tout moment de sa trajectoire personnelle et professionnelle, en lui garantissant la validation de ce qu’elle a appris en dehors de l’université dans d’autres dispositifs de formation. Nous pensons à la formation continue à distance mais aussi à la validation des Acquis de l’Expérience (VAE) qui constitue une nouvelle approche que le secteur de l’éducation et de la formation nationale connaîtra inéluctablement dans un avenir proche.
Quelle place occupe l’orientation dans la réussite des étudiants?
Le développement de l’accompagnement pédagogique s’inscrit comme une action importante dans notre stratégie institutionnelle de promotion de la réussite de notre étudiant et de lutte contre l’échec universitaire et les « années inutiles ».
Et c’est pour cela que nous avons adopté une série de mesures d’appui à travers la création d’un centre universitaire d’orientation et d’information (COI) qui propose un dispositif d’accompagnement des étudiants, intervenant à différents niveaux:
– Le tutorat étudiant lycée: en partenariat avec l’Académie Régionale d’Education et de Formation, plusieurs actions au profit des lycéens sont organisées. Leur finalité est d’informer les jeunes apprenants sur les formations universitaires et de les aider à faire leur choix d’orientation. Le dispositif prend diverses formes: Journées portes ouvertes, visites dans les lycées, organisation de la semaine de la science, participation dans les forums nationaux…
– Le tutorat d’accueil consiste à guider et faciliter l’intégration des étudiants primo-entrants pour mieux répondre à leurs multiples questions sur l’université. L’intervention du COI se fait sur les chaines d’inscription administratives et aux séances de prérentrée.
– Le tutorat pédagogique: à travers la coordination de cette action de tutorat en favorisant l’aide aux étudiants pendant leurs études, en animant des cours de méthodologie de travail, de gestion de temps, de mémorisation, de prise de notes…
Et toujours dans la volonté de promouvoir la réussite de notre étudiant et de renforcer ses compétences transversales, notre université adopte une série d’actions d’enseignement des langues vivantes dont je cite les universités d’automne de la langue française en partenariat avec l’Institut Français du Maroc et la Haute Ecole de Namur Liège Luxembourg en Belgique, la plateforme d’enseignement à distance de la langue anglaise en partenariat avec British council ou encore l’enseignement de la langue espagnole par des enseignants invités de l’Université de Granada.
Nous menons aussi des actions de promotion de l’innovation et de la créativité en partenariat avec des acteurs institutionnels de renommée internationale. Des initiatives de mobilité sont également menées dans le cadre de coopération bilatérale ou à travers l’adhésion au programme international Erasmus plus. Tout ceci pour favoriser l’épanouissement, la réussite et le renforcement de l’employabilité de nos jeunes.
D’autre part, la vie estudiantine est riche et variée au sein de l’université qui soutient, anime et fédère l’activité de plus de 60 associations et clubs estudiantins existants dans les différents établissements universitaires. Ce qui n’a pas manqué de rejaillir positivement sur l’épanouissement de notre jeunesse et sur la promotion de sa réussite.
A noter que nos campus universitaires abritent annuellement des manifestations culturelles et sportives de grande ampleur, dont je cite avec beaucoup de fierté le Congrès National du Sport et le Prix Moulay EL Hassan organisé annuellement sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste. Un événement, avec un rayonnement international, qui connaît chaque année la participation de plus de 500 étudiants.
Quels sont les mécanismes que vous avez mis en place pour permettre à vos étudiants d’intégrer facilement le milieu professionnel ?
J’étais toujours convaincu que le recentrage de l’institution universitaire sur les problématiques cruciales de développement national et régional demande une écoute permanente des attentes du marché de l’emploi, afin d’amener les établissements à se focaliser davantage sur le renforcement des processus pédagogiques et organisationnels.
Dans notre politique d’amélioration de l’employabilité de nos lauréats à l’Université Hassan 1er, nous ne nous contentons pas d’offrir à nos étudiants une formation en adéquation avec le secteur socioéconomique, mais nous déployons également de grands efforts pour améliorer leurs compétences à travers des dispositifs transversaux d’appui et d’accompagnement, dont l’enseignement des langues vivantes ou encore la promotion des échanges universitaires dans le cadre de la mobilité internationale.
D’autre part, notre institution a mené, quatre enquêtes sur le cheminement professionnel de ses lauréats, et ce en partenariat avec l’Instance Nationale d’Evaluation relevant du Conseil Supérieur d’Education de la Formation et de la recherche scientifique. Il s’agit là également d’une expérience pilote au niveau national.
Notre objectif, à travers ladite étude, est d’avoir une bonne visibilité sur notre offre de formation pour une meilleure adéquation avec l’évolution du marché de l’emploi.
Les principaux résultats obtenus ont révélé que l’insertion professionnelle chez tous nos lauréats démarre avec un taux moyen de 54%, pour atteindre 80%. Ce taux atteint 100% au niveau de l’ENCG et de l’ISSS.
Mieux, l’examen précis des typologies de trajectoires sur le moyen terme (31 mois) a montré que 50% des lauréats disposent d’un emploi durable, 37.7% poursuivent leurs études, et seulement 12.7% sont victimes du chômage durable.
Des indicateurs encourageants, mais qui ne nous empêchent pas, en tant qu’acteurs, de mener une réflexion consistante autour de la relation formation-emploi. Et c’est avec cette conviction que nous avons conçu un projet sur la mise en place d’un dispositif d’accompagnement de l’employabilité des lauréats de l’université. Financé par la Banque Africaine de Développement à hauteur de 260 000 euros. Ce projet ambitionne de mettre en place des dispositifs qui permettraient aux acteurs de l’enseignement supérieur de détecter à temps réel les signaux du marché de l’emploi pour pouvoir opérer les réajustements nécessaires.
A ceci s’ajoute les efforts déployés pour un meilleur rapprochement avec le secteur professionnel à travers l’organisation des journées des métiers et des forums universités-entreprises qui sont des rendez-vous annuels dans les différentes composantes de l’Université.
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