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Aziz Fassouane : Il faut introduire l’année-césure
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Quelle est la place de l’ENCG Settat dans le paysage national des écoles de commerce et de gestion?
L’ENCG de Settat de l’Université Hassan 1er est un établissement public de l’enseignement supérieur à accès régulé et les places disponibles chaque année pour l’inscription des nouveaux bacheliers sont fixés par notre ministère de tutelle dans le cadre du réseaux des ENCG du Maroc. L’accès à l’ENCG de Settat se fait sur une sélection assez rigoureuse basée sur les notes du baccalauréat et le concours national. L’ENCG de Settat fait partie du réseau national des ENCG composé de 10 écoles réparties sur plusieurs régions du Royaume ( Agadir, Casablanca, Dakhla, El Jadida, Fes , Kenitra, Marrakech, Oujda, Tanger et Settat).
L’ENCG de Settat est la première école créée en 1994, elle possède 25 d’expérience dans le domaine la formation en gestion et commerce. Les programmes pédagogiques des filières sont accrédités par l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Assurance Qualité tous les 4 ans. La formation est sanctionnée par un diplôme d’Etat. L’étudiant est au coeur de notre action, il jouit d’un excellent encadrement pédagogique assuré par nos enseignants chercheurs et des professionnels issus du milieu socioéconomique. Il est impliqué dans toutes les activités de l’école à travers les manifestations organisées dans le cadre des activités para universitaires. Par ailleurs, l’école a développé des partenariats avec des établissements à l’étranger pour encourager la mobilité de étudiants au niveau international. Chaque année, plus de 60 étudiants partent, dans le cade des échanges, en Belgique, la France ou aux États Unis pour parfaire leur formation.
Qu’est ce qui explique que l’engouement des étudiants pour l’ENCG Settat est toujours aussi fort?
Le taux d’insertion de nos lauréats est très satisfaisant puisqu’il avoisine les 100%. mais il faut rester vigilant, car la concurrence est de plus en plus importante du fait de la mondialisation, l’installation de plusieurs business School étrangères au Maroc t la reconnaissance des universités privées par le ministère de tutelle.
Qu’en est-il de l’employabilité des lauréats de l’ENCG Settat? Etes-vous satisfait à ce niveau-là ?
Pour renforcer l’employabilité de nos étudiants, nous impliquons des professionnels dans le processus de formation pour leur inculquer les pratiques opérationnelles en complément de leurs connaissances académiques. Nous organisons différents rencontres et séminaires avec les professionnels dans plusieurs domaines comme la finance , l’audit et contrôle de gestion, le marketing, les RH, et la logistique. Certains de nos étudiants effectuent une partie de leurs études à l’étranger dans le cadre de la mobilité internationale dans le but de s’imprégner d’autres approches pédagogiques, renforcer leur diversité culturelle et apprendre à travailler dans un environnement différent de celui qu’ils connaissent. L’ENCG de Settat dispose aussi de plusieurs partenaires qui accueillent nos étudiants pour effectuer des stages visant à faciliter leur insertion professionnelle par la suite.
Mais il faudrait envisager d’autres mesures pour augmenter l’employabilité des jeunes diplômés. Je cite deux exemples. Le premier a trait à l’introduction de l’année césure à l’instar de ce qui se fait dans les grandes écoles de commerce à l’étranger. Cette formule permet à l’étudiant de suspendre ses études pendant un an pour démarrer un stage en entreprise, partir à l’étranger ou plancher sur un projet à caractère personnel. La très grande majorité des écoles de commerce en France et quelques écoles d’ingénieurs proposent «une pause» avant la dernière année d’études. Certaines d’entre elles ont même rendu cette année césure obligatoire compte tenu de son importance : confirmer ou infirmer les choix de l’étudiant.
L’autre exemple qui mérite d’être souligné concerne les actions menées dans les pays justifiant de «bons résultats» en matière d’insertion des jeunes diplômes: l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et le Danemark. Tous ces pays bénéficient d’un système efficace d’apprentissage organisé en alternance – système dual. Véritable sésame pour trouver un emploi, l’alternance permet à l’étudiant non seulement d’acquérir une expérience importante en fin de cursus, mais aussi d’avoir le statut salarié et d’être en conséquence rémunéré pendant sa formation. La mise en place de ce système a un coût et nécessite la mobilisation des toutes les parties prenantes, Etat, entreprises et universités.
Véritable sésame pour trouver un emploi, l’alternance permet à l’étudiant non seulement d’acquérir une expérience importante en fin de cursus, mais aussi d’avoir le statut salarié et d’être en conséquence rémunéré pendant sa formation.
L’inadéquation formation-emploi est la critique la plus importante formulée par les entreprises à l’égard du système éducatif national. quelle a été votre démarche pour régler cette problématique de fond ?
A mon avis, chaque établissement veille à diversifier ses formations et une bonne formation doit forcément démarrer sur des bases solides. Dans ce sens, il convient de faire une bonne analyse du marché du travail de façon à recenser les besoins dans différents secteurs et connaitre les compétences demandées. Il faut donc travailler sur le référentiel du métier qu’on veut transmettre et savoir le décliner sous forme d’un programme pédagogique, de telle sorte de préparer les futurs lauréats au marché de travail et permettre à l’école de réaliser un bon taux d’insertion professionnelle. Autrement dit, il faut veiller à un bonne adéquation formation/marché de l’emploi. Or, loin d’être figé le marché évolue rapidement et il est difficile de définir exactement quel sera le besoin dans les cinq prochaines années par exemple. Il est important de pouvoir répondre à cette question en assurant deux phases. Celle de la préparation de la formation et celle de la veille stratégique afin de pouvoir s’adapter aux évolutions du marché.
Il faut également savoir que lors d’une formation, l’étudiant reçoit les connaissances académiques nécessaires qu’il faut compléter par des compétences transversales qui sont déterminantes sur le marché du travail. En effet, les entreprises ont besoin de cadres dotés de solides connaissances académiques mais qui en même temps capables de prendre l’initiative, d’innover, de gérer les problèmes et les conflits.
S’agissant du taux d’insertion au niveau de l’ENCG Settat, je peux vous assurer qu’il est très satisfaisant. Il oscille valeur aujourd’hui entre 90 et 95% . Mais comme j’ai expliqué, l’insertion ne dépend pas toujours que de la formation mais également du marché du travail, du milieu socioéconomique de la politique menée par l’Etat, notamment en ce qui concerne la promotion de l’entreprenariat mais également du bon climat des affaires et doing business dans notre pays.
L’école est responsable du volet formation, de la qualité de ses programmes pédagogiques et de la compétence des enseignants chercheurs, mais quand le marché est saturé les places deviennent trop limitées même quand la formation est bonne et il faut faire partie des meilleurs lauréats pour décrocher un poste. Conscients de ces contraintes, nous travaillons d’arrache-pied pour préparer nos étudiants à la vie professionnelle notamment à travers des stages qu’ils effectuent tout au long de leur cursus pour qu’ils soient opérationnels dès le début de leur carrière professionnelle.
Sur ce volet, les activités parascolaires sont aussi très importantes et nos étudiants sont très impliqués à ce niveau-là. Un étudiant qui s’implique dans un projet fait face à toute une série de problèmes à résoudre (l’idée originale, trouver l’équipe, monter un dossier de sponsoring…), ce qui forge sa personnalité.
Dans ce sens, on organise plusieurs événements notamment le prix Moulay Hassan des grands jeux universitaires, placé sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Cette manifestation est gérée intégralement par les étudiants qui assurent sa réussite chaque année. Nous organisons également des conférences sur les métiers pour un contact direct entre les étudiants et les professionnels.
Ya-t-il des choses qui restent à améliorer dans le dispositif de formation de l’ENCG Settat?
Notre vision stratégique a pour objectif de faire de l’ENCG de Settat une école d’excellence et citoyenne pour qu’elle rayonne davantage à l’échelle régionale, nationale et internationale. Une école de commerce devrait enseigner à ses étudiants comment améliorer les systèmes, comprendre les gens et comprendre les produits. Notre école jouit d’une grande notoriété en interne et à l’international. Mais nous devons redoubler d’efforts pour conforter notre place par l’amélioration constante de l’offre de formation et son adéquation avec les évolutions et les exigences du marché de travail. Renforcer les activités de recherche et de coopération universitaire et se rapprocher davantage des entreprises pour créer des liens de partenariat et répondre à leurs attentes. Notre unique centre d’intérêt et raison d’être c’est l’étudiant pour lequel il faut offrir les meilleures conditions pour l’accompagner dans son projet personnel et professionnel et mieux le préparer à la vie active. Un autre axe prioritaire sur lequel notre établissement travaille porte sur l’amélioration de la gouvernance et la satisfaction des parties prenantes. D’ailleurs notre école vient d être certifiée ISO 9001 version 2015, et je saisis cette occasion pour féliciter tout le staff pédagogique et administratif pour les efforts fournis pour décrocher ce référentiel important qui témoigne de notre volonté et notre engagement pour la mise en place d’un système de management de qualité au sein de notre école.